Le château d’Himara

Également connu sous le nom de Babakus, le château d’Himara est l’un des trésors architecturaux et historiques de la côte sud de l’Albanie. Niché dans les montagnes qui surplombent la ville du même nom ou d’Himarë, ce site offre une vue panoramique imprenable sur la mer Ionienne et les paysages pittoresques environnants. Plus qu’un simple site touristique, le château d’Himara est le témoin de plusieurs siècles d’histoire, marqués par des conflits, des alliances, et des influences culturelles diverses. Il s’agit en effet d’une attraction incontournable pour les amateurs d’histoire et de nature, offrant un voyage inoubliable à travers les siècles. 

Localisation

Perché sur un promontoire rocheux, à environ 240 mètres d’altitude, le château d’Himara offre des panoramas de 360 degrés sur des paysages naturels variés. Vers l’ouest, on aperçoit la plage de Livadhi, et au sud, la vue s’ouvre sur la baie et la ville d’Himara. À l’est, les montagnes Cérauniennes dominent l’horizon, encadrant les canyons de Visha et Kole Midhari. Ce cadre exceptionnel fait du château d’Himara un lieu de choix pour les amateurs de photographie, surtout au lever ou au coucher du soleil.

Histoire

L’histoire du château d’Himara remonte à l’époque des Chaoniens, une tribu grecque installée dans la région il y a environ 3500 ans. La première fortification du site aurait eu lieu au VIIIe siècle av. J.-C., marquant ainsi l’importance défensive du lieu dès ses débuts. Le château a été mentionné pour la première fois dans les textes au Ier siècle ap. J.-C. 

Durant l’Empire romain, le site a été renforcé, notamment pour surveiller les routes commerciales maritimes qui reliaient l’État impérial aux colonies méditerranéennes. Toutefois, c’est surtout à partir de l’époque byzantine que le château d’Himara acquiert son importance actuelle.

Sous l’Empire byzantin, au VIe siècle, l’empereur Justinien avait ordonné une restauration majeure. Cette dernière visait à  fortifier le château afin de résister aux invasions étrangères, particulièrement l’Empire ottoman, qui menaçaient régulièrement la région. De plus, de nombreuses familles et tribus, en grande partie des chrétiens orthodoxes albanais, y ont trouvé refuge et ont formé des alliances pour protéger leur territoire et leur identité culturelle.

Le site devint alors un bastion chrétien orthodoxe, accueillant même le centre de l’évêché d’Himara dès le VIIIe siècle. Au fil du temps, la forteresse a donc non seulement servi de rempart militaire, mais aussi de centre religieux et culturel. Plusieurs églises ont été édifiées à l’intérieur de ses murs.

L’histoire du château d’Himara connaît un tournant au XVIe siècle. Les habitants commencèrent à le quitter afin de s’installer plus bas, dans ce qui deviendra la ville moderne d’Himara. Ce mouvement de population s’explique par la recherche de meilleures conditions de vie et d’un accès plus facile aux ressources. À mesure que le site se vide de ses occupants, le château tombe peu à peu en ruines, laissant des vestiges qui témoignent encore de son importance passée.

Architecture

L’architecture du château d’Himara témoigne de l’influence de plusieurs civilisations et périodes historiques. On y retrouve des éléments typiques de la fortification byzantine, notamment les murs de pierre épais et les tours de guet. Les fresques et les mosaïques byzantines, bien que particulièrement endommagées, témoignent de l’influence chrétienne orthodoxe dans la région.

À l’intérieur des murs du château, on découvre une architecture ancienne et un réseau de ruelles pavées bordées de maisons en pierre. Certains des bâtiments sont en ruines tandis que d’autres ont été restaurés.

Par ailleurs, parmi les monuments les plus remarquables sur le site, on peut citer l’église de Saint-Serge et Saint-Bacchus (datée du XIIIe siècle), ainsi que l’église Sainte-Marie-Kasopitra. En explorant les lieux, les visiteurs peuvent aussi découvrir l’église orthodoxe grecque de Tous les Saints, située à proximité de la route SH8. D’autres édifices religieux plus petits, ainsi que des citernes pour le stockage de l’eau, montrent comment la population s’adaptait aux conditions de siège en autosuffisance. 

Comment s’y rendre ?

Le château d’Himara se trouve à seulement 2,5 km de la ville, sur la route SH8 qui relie Dhermi à Himara. Les visiteurs peuvent y aller en voiture, en taxi ou même en bus depuis le centre-ville. Bien que la montée soit faisable à pied, elle peut s’avérer ardue en raison de la pente abrupte et du chemin rocailleux. Pour ceux qui s’y rendent en véhicule, un parking et un kiosque d’informations sont disponibles à l’entrée du site.

Le château d’Himara aujourd'hui

Le château d’Himara est aujourd’hui un site touristique en pleine croissance, attirant des visiteurs du monde entier. Avec l’afflux de voyageurs, plusieurs bâtiments ont été rénovés, et des lieux d’hébergement ainsi que des cafés se sont établis au cœur du site. Toutefois, cette popularité grandissante pose certains défis en matière de conservation. En effet les ruines du château, bien que chargées d’histoire, souffrent des effets du temps et de l’érosion naturelle.

Les autorités locales, en collaboration avec des organismes internationaux, travaillent à la préservation du site, en essayant de concilier protection du patrimoine et accès touristique. Les initiatives de restauration se concentrent principalement sur la consolidation des murs et la conservation des églises historiques. Des programmes éducatifs sont également en cours afin de sensibiliser les visiteurs et la population locale à l’importance de préserver ce patrimoine unique.

Par ailleurs, les habitants d’Himara participent activement à la protection du château, avec l’espoir de transmettre cet héritage aux générations futures. En outre, chaque été, des festivals culturels sont célébrés dans la région, célébrant la musique, la danse et les traditions locales. Le château d’Himara sert parfois de lieu pour ces événements, renforçant le lien entre le patrimoine historique et la vie contemporaine.

Infos pratiques

Le château d’Himara est ouvert au public tous les jours, moyennant un tarif d’entrée. Pour ceux qui préfèrent faire une randonnée pour rejoindre le site, il est recommandé de porter des chaussures confortables, puisque le chemin qui y mène peut être escarpé et rocailleux. En outre, opter pour une visite guidée permet de mieux comprendre l’histoire et les anecdotes associées au château. Les guides locaux partagent des récits fascinants sur les batailles, les légendes et les traditions liées au site